Les sensations alimentaires : le gage d’un poids équilibré – Partie 2 : l’appétit

Maintenant que vous êtes en mesure de savoir comment faire pour identifier la faim physiologique, je vous propose de parler de l’appétit.
Comme en général, dans nos sociétés d’abondance, nous n’avons jamais faim au point d’être affamé et de manger n’importe quoi, il convient une fois la faim ressentie de se poser une deuxième question.
« Qu’est-ce que je veux manger ? »
Parce que votre corps est bien fait, vous avez de l'appétence pour des aliments qui contiennent les nutriments ou les micronutriments dont votre corps a besoin. On parle pour décrire ceci d’appétits spécifiques. Ils sont guidés par le système hédonique, qui nous oriente vers certains aliments plutôt que d'autres en fonction de nos besoins nutritionnels. Cette notion est différente de la palatabilité qui fait qu’un individu trouve que l’aliment est bon ; cette dernière sensation étant influencée par de nombreux facteurs externes (habitudes, souvenirs, émotions…).
La réponse à la question est donc en principe guidée par les besoins biologiques de l’individu. En principe, car c’est là, que votre psychisme peut intervenir et vous orienter vers l’aliment que vous identifiez comme « plus raisonnable » au détriment de celui qui vous fait réellement envie. Frustré, votre organisme ne manquera pas de vous faire savoir que ses besoins n’ont pas été satisfaits et il vous conduira tout droit vers l’aliment dont il a besoin, en faisant apparaître ce que l’on qualifie de compulsion.
Vous aurez donc mangé un ou des aliments « raisonnables » pour satisfaire votre faim et les injonctions que vous vous auto-infligées, puis les aliments que vous avez souhaité éviter dans le cadre de la compulsion. Le problème n’est pas ici que vous ayez mangé des aliments que vous vous interdisez, mais que vous ayez mangé plus que votre faim. Si le phénomène se produit de façon exceptionnelle et que vous attendez d’avoir faim de nouveau pour manger, tout rentrera dans l’ordre sans que le poids ne soit pénalisé. Par contre, si vous vivez régulièrement ce genre d’épisode, vous mangez au-delà de vos besoins physiologiques et grossissez. De plus, vous entachez encore un peu plus l’image que vous avez de vous-même car vous n’avez pas été capable de résister à la tentation, et avez encore craqué.
Il est donc préférable, aussi bien pour votre poids que pour votre estime de vous-même, de respecter les messages que vous envoie votre système hédonique. Ainsi, vous mangez ce qui vous fait plaisir sans dépasser vos besoins nutritionnels.
Très honnêtement, votre système hédonique n’est pas parfait. Il saura vous conduire vers un aliment riche en vitamines B9 si vous en manquez mais ne saura pas vous orienter vers les acides aminés qui vous manquent, ou faire la distinction entre les omégas 3 et les omégas 6.
Néanmoins, respecter votre appétence pour un aliment est une très bonne solution pour sortir de la restriction cognitive qui gouverne vos prises alimentaires. Plus un aliment est interdit, et plus vous culpabilisez à le consommer, plus cela renforce votre désir. Si vous souhaitez maigrir durablement et sans régime il est impératif de se débarrasser de toute tendance à se restreindre et à s’interdire des aliments sous prétexte de maigrir. Au contraire, la banalisation des produits que vous vous interdisez et l’autorisation de leur consommation lorsque vous en ressentez le désir, permettent de normaliser ce désir.
Alors si vous avez faim, faites-vous plaisir !