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Chirurgie de l'obésité



Dans mon dernier article, je vous expliquais qu’il était nécessaire de réapprendre à se nourrir et à apprivoiser sa relation à la nourriture pour perdre du poids, soigner ses troubles alimentaires ou encore modifier son alimentation pour répondre à une pathologie.

Je suis bien consciente que c’est un travail difficile.

Lorsque vous étiez enfant, vous avez appris à manger sans difficulté, tout comme vous avez appris à marcher sans difficulté. Si vous aviez un accident et que vous deviez réapprendre à marcher, ce serait probablement beaucoup plus difficile que lorsque vous étiez bébé. Il en est de même pour réapprendre à manger. Ce qui se faisait spontanément est désormais parasité par tout un tas de pensées, de croyances, d’émotions et d’avis divers et variés de votre entourage qui croyant bien faire risquent de saboter votre travail.

Devant cette difficulté, nombre de personnes préfèrent recourir à la chirurgie de l’obésité.

Pour rappel, il existe plusieurs méthodes. On a généralement recours à ces techniques chirurgicales lorsque les thérapies et régimes n’ont pas donné les résultats escomptés.

On distingue principalement trois méthodes :

1 - La pose d’un anneau gastrique, ou gastroplastie

C’est la pratique la plus ancienne. Elle consiste à poser un anneau en silicone, autour de la partie supérieure de l’estomac de façon à diviser celui-ci en deux parties. Le volume de la première partie est réduit à l’équivalent de quelques cuillères à soupe et l’anneau fonctionne comme un sablier qui stopperait la descente des aliments apportant ainsi une satiété plus rapide.

Cette méthode présente plusieurs avantages : la pose est assez facile, l’anneau peut être resserré ou desserré selon les besoins ou même enlevé. La digestion des aliments n’est pas modifiée et les carences sont donc très rares. Ce peut être une aide pour retrouver la sensation de satiété dont je vous parle si souvent.

En revanche, cette solution sera inopérante si vous compensez avec des aliments liquides type sodas ou crèmes glacées. Une prise en charge nutritionnelle est fortement conseillée. Autre point négatif, on observe assez souvent un inconfort après les repas qui peut même aller jusqu’aux vomissements.

2- La sleeve ou gastrectomie

La sleeve consiste à retirer les deux tiers de l’estomac pour lui donner la forme d’un tube. On enlève notamment la partie qui sécrète l’hormone de la faim appelée ghréline. Le patient ne pourra ingérer que de petites quantités, et sera rapidement rassasié. Le passage des aliments est ralenti mais la digestion se fait normalement.

Cette méthode permet d’observer une perte de poids intéressante mais qui devient inefficace après 5 à 7 ans car le tube va se dilater progressivement. Il est donc indispensable que les habitudes alimentaires soient modifiées dans cet intervalle. Évidemment il s’agit d’une intervention chirurgicale plus lourde que la précédente et non réversible.

3- Le by-pass

Il est utilisé dans les cas d’obésité très sévère. Cette intervention est encore plus lourde que la précédente. Le by-pass consiste à dévier le circuit des aliments : ils ne passent quasiment plus par l’estomac (seule une petite partie du pôle supérieur de l’estomac est conservée), et arrivent directement dans l’intestin grêle, les deux premiers mètres de celui-ci étant inopérants. Deux techniques sont actuellement utilisées : le by-pass classique et désormais le mini by-pass qui présente l’avantage d’être moins invasif, de laisser une poche stomacale plus conséquente et d’être réversible. Le by-pass permet de diminuer la sécrétion de ghréline, hormone de la faim, et de limiter les prises alimentaires. Cependant, le circuit de la digestion étant modifié, les patients vont devoir faire face à de nombreuses carences nutritionnelles auxquelles il conviendra de pallier par des compléments alimentaires. Là encore, les habitudes alimentaires devront être modifiées pour espérer des résultats pérennes.

Il est indéniable que ces techniques ont fait de grand progrès. Cependant elles ne sont pas sans effets secondaires et malheureusement le bénéfice de ces interventions est encore trop souvent limité dans le temps. Retourner aux anciennes habitudes de vie ne peut qu’induire une reprise de poids même après une chirurgie. En moyenne, 4 personnes sur 10 vont regrossir dans les 5 années qui suivent.

Pire encore, les études montrent que l’opération de patients boulimiques ou hyperphagiques a pour effet, dans de nombreux cas, de générer un transfert. Ceux qui étaient addictes à la nourriture, vont déplacer l’addiction sur l’alcool, le jeu, le sexe ou les achats compulsifs.

Il me semble donc particulièrement important de sensibiliser les personnes boulimiques ou hyperphagiques au fait que ces opérations seront inopérantes à long terme si ces troubles alimentaires ne font pas l’objet d’une prise en charge en parallèle. Là encore, on est loin du miracle.

#sensationsalimentaires

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